Betty de Tiffany Mc Daniel (Éditions Gallmeister, 2022, 704 pages)

Débrief

Tout commence par la simple décision d’un homme bon ; Celle d’aider une jeune femme en détresse.

Devenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d’avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien on se perd, ou bien on se trouve. Ces vérités peuvent s’affronter à l’infini.

Betty de Tiffany Mc Daniel

Betty, l’une de leur fille, nous conte l’histoire saisissante de sa famille. D’origine indienne par son père, elle peut compter sur le soutien et l’amour indéfectible de ce dernier. Il lui apprend à voir le monde autrement. Issu de la culture Cherokee, il lui montre à voir les choses, les gens et la nature à travers des yeux plein de finesse et de douceur ; mais aussi, astuce et Beauté. Il lui montre comment interpréter le monde des signes.

Toutefois, le récit de Betty est avant tout une histoire de femmes. Et donc, la vie est rude parfois. La première témoin en est sa mère ; qui peine à montrer son amour aux siens ; enfermée dans sa propre douleur. Non qu’elle soit mauvaise, elle est seulement blessée… Le Mal entraîne le Mal… Et plus que tout, on mesure à quel point une mère heureuse et épanouie dans sa vie de femme est primordial pour l’existence du bonheur familial. C’est elle, la créatrice de la félicité au sein du foyer.

De surcroît, nous découvrons une belle fable de sœurs qui savent se soutenir, être présentes l’une pour l’autre, et se donner de l’affection. Quelle belle idée ce bocal ! (Je vous laisse découvrir cette allusion par vous-même lors de la lecture )

– Un garçon qui tombe comme ça en silence, il a besoin que quelqu’un soit là pour crier à sa place

Betty de Tiffany Mc Daniel

Heureusement, la fratrie entretient de bons liens ensemble… à moins que… l’histoire familiale ne les rattrape ?

J’ai compris une chose à ce moment-là : non seulement Papa avait besoin que l’on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d’y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l’espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées.

Betty de Tiffany Mc Daniel

.

Il y a des petites filles qui grandissent avec un père irréprochable, bon et tendrement lié au cœur de sa fille. D’autres petites filles grandissent sans père du tout, sans rien connaître donc des hommes bons et de ceux qui le sont un peu moins. Les plus malheureuses de toutes les petites filles grandissent avec un père qui n’a pas son pareil pour transformer un ciel bleu et ensoleillé en une violente tempête.

Betty de Tiffany Mc Daniel

Conclusion

Un roman lumineux malgré la noirceur des hommes… et les terribles secrets de la famille Carpenter.

Ce roman ne nous laisse que la lumière, l’espoir et le simple réconfort de la nature et de ses bienfaits.

Je me souviendrais longtemps de cette Petite Indienne à l’intelligence sensible et subtilement créatrice. Également de ce père rêveur, doux et protecteur. Une mère aimante malgré tout…

Un magnifique roman incontournable, aux douceurs indélébiles !

(Lu le 23/03/2023 )

Au début de ma vie, je n’étais personne, mais parce que ta maman a fait de moi un père, j’ai une bonne chance de finir mon existence sur cette terre comme quelqu’un qui vaut la peine qu’on se souvienne de lui.

Betty de Tiffany Mc Daniel

Il y a des hommes qui connaissent le montant exact de leur compte en banque, a poursuivi Maman. Il y a ceux qui savent combien de kilomètres indique le compteur de leur voiture et combien elle pourra encore parcourir. D’autres connaissent le score à battre de leur joueur de base-ball préféré et ils sont plus nombreux encore à savoir la somme exacte que l’Oncle Sam leur a soutirée. Ton père, lui, ne connaît rien de tout ça. Les seuls nombres que Landon Carpenter a en tête, c’est le nombre d’étoiles qu’il y avait dans le ciel la nuit où ses enfants sont nés. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais moi je dirais qu’un homme qui a dans la tête des cieux remplis d’étoiles de ses enfants est un homme qui mérite leur amour. En particulier l’amour de celle qui avait le plus d’étoiles.

Betty de Tiffany Mc Daniel

Du même auteur

• L’été où tout a fondu, Éditions Gallmeister (2022)