Nous sommes ici dans un roman particulier. Sous couvert d’une relation père-fils compliquée, l’auteur aborde ici la question du nazisme sous l’angle de la culpabilité a priori ressentie par les commanditaires de ces actes horribles de la seconde guerre mondiale.
Dans ce roman, le personnage principal, adulte accompli, nous parle de sa relation à son père et du fait qu’il ne lui ait jamais dit qu’il avait été un nazi…
Le fils prenant cet “oubli” comme signe que son père ne tient pas suffisamment à lui pour être honnête avec son fils… Bien plus encore, c’est toute la relation père-fils qui fût entachée par cette “légèreté” dont fait preuve son père.
A travers ce roman, on voit bien comment on peut fonder de faux espoirs et que l’on attend parfois des actes, des paroles dans nos relations personnelles, sans oser les demander ; spécifiquement avec nos parents.
Bien sûr, on parle du nazisme, mais pour moi, ce n’est pas un roman sur le sujet ; c’est plutôt un roman parlant d’honnêteté entre parent-enfant ; faut-il tout dire ? Est-ce que cela fait de nous de bons ou mauvais parents ? Faut-il créer son personnage de parent ? Les enfants doivent-ils tout savoir pour se développer et s’épanouir dans leur vie d’adulte ?
Un livre qui peut nous porter à pardonner, ou pas, à ses parents…
Un livre qui nous pose comme un enfant -en manque- mais en manque de quoi finalement ? Le jeu de rôle du parent fausse-t-il vraiment toute la relation, ou est-il une partie intégrante de celle-ci ?
La question est posée.
Même croyant sa dernière heure venue, il était incapable de mourir sans jouer.
Il a vu l’enveloppe décachetée sur la table. Il ne m’a rien demandé, je ne lui ai rien répondu. Il avait la courtoisie des amis vrais, chez lesquels tu sonnes en pleine nuit et qui t’ouvrent sans demander pourquoi avant de traverser deux fois la France sans se plaindre.
Enfant de salaud de Sorj Chalandon
Résumé du livre
Un jour, grand-père m’a dit que j’étais un enfant de salaud.
Oui, je suis un enfant de salaud. Mais pas à cause de tes guerres en désordre papa, de tes bottes allemandes, de ton orgueil, de cette folie qui t’a accompagné partout. Ce n’est pas ça, un salaud. Ni à cause des rôles que tu as endossés : SS de pacotille, patriote d’occasion, résistant de composition, qui a sauvé des Français pour recueillir leurs applaudissements. La saloperie n’a aucun rapport avec la lâcheté ou la bravoure.
Non. Le salaud, c’est l’homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans la boue. Sans trace, sans repère, sans lumière, sans la moindre vérité. Qui a traversé la guerre en refermant chaque porte derrière lui. Qui s’est fourvoyé dans tous les pièges en se croyant plus fort que tous : les nazis qui l’ont interrogé, les partisans qui l’ont soupçonné, les Américains, les policiers français, les juges professionnels, les jurés populaires. Qui les a étourdis de mots, de dates, de faits, en brouillant chaque piste. Qui a passé sa guerre puis sa paix, puis sa vie entière à tricher et à éviter les questions des autres. Puis les miennes.
Le salaud, c’est le père qui m’a trahi.
Elle avait un sourire content. Elle venait de se faire écraser par l’indifférence, la méchanceté, la saloperie de toute administration, et elle cherchait l’éclat d’un rayon de soleil.
Enfant de salaud de Sorj Chalandon
Mon avis
⭐⭐⭐⭐
Note : 3.5 sur 5.
Je pense que vous l’aurez compris, j’aime lire notamment pour apprendre et aborder des sujets sous des angles de vues différents de ceux que je pensais de prime abord. Comment remettre en question l’intégrité intellectuelle de l’auteur ? Je ne me permets pas.
Le sujet est très bien abordé, l’auteur sait nous faire ressentir tous les ressorts d’une relation père-fils complexe. Car pour moi, oui nous parlons du nazisme et de leur présumé “repentir”, leur procès, mais ce livre m’a surtout touchée en terme de relation personnelle entre père et fils. Cet adulte – ou cet enfant- qui attend un signe… sans jamais le voir…
Je pensais lire un livre, comme beaucoup, sur le nazisme ; comprendre le “pourquoi” de ces atrocités, retrouver des détails et des faits qui auraient pus m’ apporter un “plus”, un éclairage” supplémentaire sur la “question”. Rien de tout cela… Bien sûr, on peut voir à quel point les victimes ont été méprisées… jusqu’au bout… mais ne le savions-nous pas ?
Je ne suis pourtant pas déçue, ni particulièrement enchantée non plus par cette lecture… Car je n’avais pas “envie” – personnellement- d’aborder ce thème, ne me sentant pas concernée. La magie d’un livre tient à peu de choses parfois…
Je me concentre donc sur mon rôle de conseillère et tout compte fait… voici ma conclusion. Je pense surtout que ce livre n’est pas le livre des réponses mais des questions père-fils. Si vous avez besoin de vous remettre en question, de découvrir le labyrinthe du pardon vis-à-vis de votre (vos) parent(s), oui peut-être que ce livre sera parfait pour vous et vous ouvrira un nouvel horizon de bonnes questions à vous poser pour avancer sur votre chemin, à défaut de réponses prédéfinies.
Car la vie est avant tout faite de bonnes questions, à nous d’oser tenter d’y répondre.
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